La météorite de Rochechouart

Une météorite est tombée il y a environ 200 M d’années dans le secteur entre Charente et Limousin. Il reste actuellement une brêche d’impact remarquable que l’on peut découvrir dans le secteur de Rochechouart.

Situation et contexte géologique

Pour visiter les sites rentrer en contact avec l’association Pierre de Lune qui gère et anime une exposition permanente sur le cratère météoritique de Rochechouart-Chassenon : www.espacemeteorite.com

Ci-dessous quelques extraits du livret guide de l’excursion AGBP/AGSO sur le seuil du Poitou (espace de téléchargement pour les membres AGSO).

• Extrait de la carte géologique à 1/50 000 de Rochechouart (687) par Ph. Chèvremont & al., BRGM (1996)

La chute de la météorite

Site R2

Il y a environ 200 millions d’années, une météorite* de 1 à 6 milliards de tonnes percute la Terre à 4 km à l’ouest de Rochechouart. L’astéroïde a une vitesse de 20 à 50 km par seconde lors de l’impact. Le sous-sol, constitué à cet endroit de paragneiss plagioclasiques à filons de microgranite porphyrique à biotite, est fortement comprimé par l’onde de choc. Des matériaux sont éjectés sous l’action de l’impact. L’énergie de la météorite est transmise sous forme de pression et de chaleur (14 millions de fois la bombe d’Hiroshima), et va vaporiser, par explosion, les matériaux de la météorite et ceux d’une partie du socle cristallin en formant un cratère primitif. Le socle sera bréchifié (brèches de dislocation) et les éléments vaporisés vont se redéposer sur l’ensemble de la région (brèches de retombée). Le socle va réagir en se soulevant et les bords du cratère primitif vont s’effondrer pour former un cratère d’impact météoritique de type Meteor crater (USA) ou de ceux que l’on peut observer sur la surface de la lune. Son diamètre sera d’environ 20 km. Ensuite, durant tout le Mésozoïque et le Cénozoïque, l’érosion va décaper une grande partie des dépôts et ainsi gommer la morphologie originelle : c’est pour cette raison que le cratère (ou astroblème*) n’est plus visible dans le paysage actuel.

Histoire d’une découverte

La première référence connue sur la météorite de Rochechouart figure dans « Statistique de la France publiée par ordre de sa Majesté l’Empereur et Roi - Département de la Haute-Vienne - Paris, 1808 » qui mentionne l’existence dans la région de Rochechouart de brèches à matrice parfois compacte, parfois vacuolaire et argileuse. Ces brèches intriguèrent les minéralogistes de l’époque : leur origine était-elle volcanique ou artificielle ?

De 1808 à 1967, les interprétations sur l’origine des brèches ont oscillé entre trois hypothèses : volcanique (Mane, 1833 ; Glangeaud, 1910), sédimentaire (Coquand, 1858 ; Mallard, 1869 ; Kraut, 1935,1937) ou mixte : en 1901, dans la première édition de la carte géologique à 1/80 000 de Rochechouart, les brèches sont cartographiées en tant que « conglomérats permiens »….

En 1967, F. Kraut fit une publication annonçant une hypothèse révolutionnaire : ces brèches pourraient être dues à un impact de météorite. La présence locale de quartz « clivé » * dans les brèches est l’indice majeur qui a guidé F. Kraut vers cette interprétation. Rappelons qu’à l’époque, la NASA préparait les premiers pas de l’homme sur la Lune au travers du programme Apollo. L’hypothèse météoritique fut confirmée par quatre autres publications de Kraut en 1969, basées sur la découverte de cônes de percussion dans des filons de microgranite.

Les travaux ultérieurs apportèrent des données complémentaires. E. Raguin (1972) établit avec des élèves de l’Ecole des mines de Paris une carte des « brèches de Rochechouart ». Puis P. Lambert apporta, à travers deux thèses (1974, 1977), des compléments cartographiques et des informations nouvelles concernant notamment la taille (de l’ordre de 20 km de diamètre), l’âge (160 à 210 Ma) du cratère, la nature de la météorite et les conditions (température, pression) du métamorphisme subi par les roches de la région au moment de l’impact. Il contribua en outre à la mise en évidence d’une anomalie gravimétrique négative au cœur de la structure (Pohl, 1978). Enfin, des études complémentaires plus ponctuelles ont été réalisées par les géologues allemands (Bischoff et Oskierski, 1987 ; Oskierski, 1983 ; Oskierski et Bischoff, 1983 ; Reimold 1983, 1984, 1987).

Description des impactites

La carte géologique à 1/50 000 montre bien l’aspect de l’astroblème disséqué par l’érosion. On y remarque en effet la répartition des roches du substrat transformées par l’impact de la météorite. Ces trois types d’impactite sont dus aux retombées du nuage de roches vaporisées au moment de l’impact de la météorite.

La carrière de Champagnac

Site R4

Les brêches de retombée, de couleur rousse, recouvrent la base du cratère d ’impact. En dessous, les brêches de dislocation affectent le socle constitué de paragneiss plagioclasique traversé par un filon de roche subvolcanique (lamprophyre) de couleur noirâtre.

Des brèches hydrothermales découvertes par des géologues allemands (Reimold 1983) dans la carrière de Champagnac, et ont montré qu’elles étaient en relation avec l ’impact de la météorite.

Dans les paragneiss, seules quelques fractures montrent un remplissage hydrothermale dont la puissance ne dépasse guère le centimètre.

En revanche, le filon de lamprophyre présente de véritables brèches hydrothermales à carbonate et/ou quartz, accompagné généralement de pyrite, parfois de mispickel et rarement de fluorine. Ces mêmes minéraux se trouvent également dans les fentes de tension et autres fractures d’orientation N-S prédominante, dans tout les types de roches de socle présentes dans la carrière de Champagnac.

Références bibliographiques

Texte et iconographie sont principalement extraits du Kit pédagogique régional réalisé par le BRGM et l’IFREE à partir principalement de la carte et de la notice de Rochechouart :

  • CHÈVREMONT P., FLOC’H J.P. (1996) - Carte géol. France (1/50000), feuille Rochechouart (687). Orléans : BRGM. Notice explicative par P. Chèvremont et al. (1996), 172 p.
  • CHÈVREMONT P., FLOC’H J.P., MÉNILLET F., STUSSI J.M., DELBOS R., SAURET B., BLÈS J.L., COURBE C, VUAILLAT D., GRAVELAT C, avec la collaboration de LEMIÈRE B., DOMINIQUE P., HOTTIN A.M. (1996) - Notice explicative, Carte géol. France (1/50000), feuille Rochechouart (687). Orléans : BRGM, 172 p. Carte géologique par P. Chèvremont, J.P. Floc’h (1996).
Revenir en haut